Extrait du journal

Il était d'ailleurs naturel', il était fatal, ce malaise. Pendant quarante-sept ans, France et Alsace, brutalement arrachées l'une à l'autre, vivaient sur des légendes sentimentales aux couleurs simples d'images d'Epinal pour nous, l'Alsace, c'était une belle fille aux cheveux blonds, au grand nœud noir palpitant, pleurant de tous ses yeux d'azur sur un drapeau tricolore. Quant aux 'Alsaciens, la chère. « la douce France » dont, tout petits, ils avaient appris l'amour sur les genoux des vieux parents par « ces récits de famille qui allongent notre vie », comme dit Vigny, la "France, idéalisée, leur apparaissait la terre de toutes les libertés, la terre promise. Des deux côtés des Vosges, on avait cristallisé. Puis, à l'armistice, dans un enthousiasme délirant, ce fut le mariage d'amour. Hélas quelques mois de lune de miel, et France et Alsace se retrouvaient face à face, avec leurs qualités, avec leurs défauts. Vint alors la crise qui se produit dans la plupart des jeunes ménages, avant qu'ils deviennent tout simplement de bons ménages....