Extrait du journal

Il n'y a sans doute pas de spectaole populaire qui soulève plus que les cérémonies militaires l'enthousiasme profond des foules. Jadis, la revue de Longchamp convoquait chaque année au bois de 'Boutonne des affluences toujours grandissantes. On ne voit pas moins de monde aux Champs-Elysées, jusqu'à la Concorde, ni autour de. l'Etoile, bien que, depuis la guerre, le festival guerrier ne puisse plus servir de prétexte à des piqueniques sur l'herbe. On vient voir les soldats, aujourd'hui, pour euxmêmes, pour leur couleur, leur ordre admirable, leur mouvement, p o u r les musiques qui rythment leur marche et qui fait que, malgré le soleil implacable, l'air semble plus frais, plus acidulé, plus agréable à respirer. Pense-t-on encore dans la foule, que ce jour commémore la prise de la Bastille ? Pas du tout, ou, en tout cas, très peu. Et pas davantage la sortie des régiments en armes, des canons et des cavaliers ne semble inconciliable avec l'esprit de Locarno, puisque,' ier, M. von Hcesch était là avec son attaché militaire. L'avenue triomphale était toute sablée d'or. Sur la gauche en descendant vers la Concorde, les troupes étaient alignées, à l'ombre des platanes. Derrière elles, la foule faisait une frange profonde et sombre, et aussi sur le trottoir en face. Tout autour de l'Arc de Triomphe, largement dégagé, des barrières vêtues de pourpres enfermaient dans des compartiments divers les ministres, en jaquette; les ambassadeurs en redingote; les officiers étrangers en uniformes de toutes couleurs; les parlementaires, les conseillers municipaux, les corps constitués....