Extrait du journal

Le matin, de bonne heure, je quitte la gare pour visiter l'intérieur de la ville de Petrograd. La jeune juive, naturellement, m'accompagne. Certes, il n'est pas désagréable de se promener avec une Joli* femme élégante mais, pour d'instant, j'aurais préféré être seul, afin de pouvoir causcr avec n'importe qui sans être observé et écouté. Enfin, je me résigne à mon sort. La première chose que j'aperçois en sortant de la gare, est la statue équestre d'Alexandre I", ce qui me prouve que les bolcheviks, en tout cas, ne s'attaquent pas sauvagement aux choses. Et me voici sur la perspective Newsky à première vue,.je ne constate aucun dégât appairent. Toutes les maisons sont intactes il- 'n'y a même pas un carreau de cassé. Au bout du fameux boulevard, brille toujours, dans.le ciel pur du matin, la fameuse flèche d'or do l'Amirauté. Pourto une impression pénible s'empare de Rien n'est abîmé; mais la ville paraît morne, triste, silencieuse. Cette chaussée, jadis encombrée de véhicules de toute sorte, est absolument déserte. Je me' rappelle les brillants équipages qui y circulaient autrefois qu'ont-ils pu devenir, ceux-là? Vraiment, ce grand boulevard en ligne droite, qui e'étend à perte de vue, avec sa chaussée vide, est sinistre à contempler. Toutes les belles boutiques, les grands magasins et aussi les banques, les établissements de crédit et les restaurants, les cafés, tout est hermétiquement clos. Seuls, de place en place, les magasins soviéthstes se signalent par. des files de pauvres gens qui font la queue avec leur carte en main, pour obtenir, soit un peu de nourriture, soit un petit article de ménage quelconque....