Extrait du journal

UM METIER DIFFICILE C'est ainsi que le bon Nadaud, il y a Quelque trente ans, qualifiait le métier de gendarme. Me sera-t-il permis d'appliquer la même épithète à une carrière beaucoup moins honorable, à une carrière qui ne consiste point du tout à « garantir la propriété n, non plus qu'à « protéger les champs et la ville du vol et de l'iniquité à une carrière enfin qui conduit en prison ceux qui la choisissent ne veux parler de la fausse monnaie. En apprenant qu'une fabrique de faux billets de !a Banque de France avait été découverte à Lausanne, nous avons eu tous un geste instinctif. Nous avons ouvert nos portefeuilles et nous avons inspecté, suivant notre opulence, les coupures de mille, de cinq cents, de cent et de cinquante francs qu'ils pouvaient contenir. Nous avons vidé ensuite notre porte-monnaie. Et nous avons fait sonner les pièces d'or et d'argent sur une tablette de cheminée. N'ayant rien remarqué d'anormal, nous avons repris notre sérénité en nous félicitant de n'être pas, pour cette fois, victimes des faux monnayeurs. Ceux-ci, reconnaissons-le, exercent la plus malaisée des industries. Et il faut quelque naïveté, avec très peu de scrupules, pour embrasser cette procession scabreuse...