Extrait du journal

Jusqu'alors, on n'avait été rationné quo pour le pain, ce mauvais pain de guerre, lourd, indigeste, dit « pain K. K. qui fut si longtemps matière à plaisanteries, et que les informateurs mal informés, trop enclins à prendre leurs désirs pour la réalité, alléguèrent pour croire prématurément et faire croire à l'imminent régime des dents longues et du ventre creux en Allemagne. En décembre 1915, on fut rationné pour le sucre et le lait et, peu à peu, on le fut pour presque tous les aliments. De mois en mois le problème du manger fut de plus en plus difficile à résoudre. Les chimistes s'ingénièrent à trouver des succédanés, et du laboratoire sortirent en boîtes, en tubes, en pois, d'innommables produits, en général assez chers, pour remplacer des aliments purs hors de prix ou introuvables. On eut du lait artificiel imbuvable, du mM artificiel àbomirratefe, -v du café artificiel exécrable, de l'huile artificielle impardonnable, que sais-je encore Même des œufs artificiels. Involontairement on pensait à cette académie dont parle Swift, dans les Voyages de Gulliver, où l'on cherche à mettre en fioles des rayons de soleil, à calciner la glace et à faire retourner les excréments humains à la nature des aliments....