Extrait du journal

M. Aristide Briand a réussi, en vingtquatre heures, et malgré tous les obstacles qui paraissaient devoir retarder sa marche, à constituer un gouvernement. Il a réussi si vite qu'il a presque.l'air de n'avoir dû donner aucun effort. C'est un record de rapidité et d'habileté qui est de bon présage. Le problème ne se présentait pas, cependant, pour M. Aristide Briand, aussi simple qu'il apparaît une fois résolu. Il avait à tenir compte presque autant des difficultés d'ordre puredes complications de la situation financière et de la situation internationale. On voit bien, quand on regarde de près sa combinaison, qu'il a certainement pensé à tout. Les plus difficiles, en matière de dosage politique, seraient bien en peine de penser qu'on pouvait faire mieux. Quant aux grandes affaires de l'heure, qui doivent tout primer, trois noms, sans compter celui du chef, éclatent sur la liste avec un sens précis, ceux de MM. Doumer, aux Finances Barthou, à la Guerre Loucheur, aux Régions libérées et aux Réparations. M. Jiriand a, d'ailleurs, marqué leur importance en indiquant qu'ils étaient les pivots de sa combinaison. Quand on sait l'effort de travail quotidien, d'activité, d'énergie, qu'exige dans les temps actuels le poste de ministre des Finances, on n'est pas étonné que M. Briand ait voulu s'assurer le concours de M. Doumer, dont, la puissance de travail n'est plus à vanter et à qui l'on ne peut faire 'qu'honneur en rappelant la ténacité, l'endurance et la passion fiscale dont il fit preuve comme ministre des Finances du premier projet d'impôt sur le revenu dans le cabinet Léon Bourgeois de 1895....