Extrait du journal

Sur la mer calme, une petite mine avait été, en effet, négligemment semée par M. Curtius et par M. Grandi. Ils avaient dit en substance « Nous voulons être l'Union européenne, d'accord Mais qui dit l'Europe, entend toute l'Europe. Or toute l'Europe n'est pas ici. Il y a des absents. Appelons-les ils viendront et ils nous aideront. Ce sera la grande union européenne. Ainsi était posée une sorte de question préjudicielle la commission invitera-t-elle la Russie des Soviets et la Turquie à participer à ses délibérations ? Voilà, direz-vous, un problème bien facile à résoudre, à la portée du plus léger bon sens. Qu'est-ce, en effet, que la commission d'étude pour l'Union européenne ? Un organisme ^absolument indépendant de toutes autres règle qu'elle ne se donner?, pas elle-mème? Certes non Elle est l'émanation de la Société des nations et son fonctionnement est prévu dans le cadre de la Société des nations. Si elle est partie intégrante de la Société des nations, comment pourrait-elle admettre les délégués d'Etats qui ne sont pas membres de la Société des nations ? Si son jeu se déroule dans le cadre de la Société des nations, n'est-elle pas strictement liée par la procédure habituelle de la Société des nations ? Assurément oui. Cette procédure, quelle est-elle? Elle est connue; elle consiste à admettre exceptionnellement les délégués des Etats non représentés à la Société des nations pour la discussion d'un problème nettement délimité, quand elle peut croire que cette collaboration sera de quelque avantage. C'est ce qui s'est passé pour la commission du désarmement. C'est ce qui pourrait se passer dans l'Union européenne, en vue d'une étude particulière strictement fixée comme, par exemple, le crédit agricole, à supposer qu'on pût marier dans l'organisation d'une œuvie de cet ordre le système communiste et le système capitaliste. Telle est la procédure; tels sont les précédents telle est la logique....