Extrait du journal

Il a refait en six jours sa traversée de deux mille cinq cents heures ; mais il préférait le premier voyage '(En rade du Havre, 19 déc., 5 h. du matin de notre envoyé spécial.) Prodigieux ! Inouï i I Incroyable ! 1!. Telles sont les épithètes qui accueilli rent, le 15 septembre dernier, la nouvelle de l'arrivée d'Alain Gerbault, à New-York, seul sur son cotre, après 102 jours de traversée. Quelques incrédules disaient même ; « Impossible 1 » oubliant que le pilote était Français. Et aujourd'hui, tandis qu'il vogue sur le Paris, j'entends, au Havre, les mêmes mots. Après trois mois, on n'en est pas encore revenu ! A bord du Paris A six heures quinze, le Titan, ce pyg mée, accoste le Paris. A peine la passerelle franchie, je demande : M. Gerbault ? M. Gerbault ! Par ici, venez I Assis sur une valise- arehi-bourrée, la tête entre les genoux, un grand jeune homme mince essaye, en vain, de fermer les serrures. On me présente. II se lève, et le cou vercle de la mallette bondit, délivré. Un sourire narquois anime le long visage osseux, au nez busqué, aux lèvres minces, aux yeux étrangement pâles. : Ah ! un journaliste ! li v avait long temps ! Figurez-vous qu'a mon arrivée à New-York il y avait soixante-douze heures que je n'avais pas dormi ils m'ont fait grimper cinq fois au ruât du Fire-Crest pour me photographier. Us m'ont plus vanné que la traversée... 3e n'ai pas dit, après dix mille autres, mon admiration à Alain Gerbault. Je pense qu'il la lit dans mes veux, car il cause, maintenant, familièrement, de tout, do tout, sauf de sou héroïque traversée. Souvenirs... Mes Impressions d'Amérique ? Excel lentes. On a été beaucoup trop gentil pour moi. J'ai fait là-bas trente conférences. A vous dire vrai, j'aime mieux être à la barre de mon bateau que devant un tapis vert. Mais, enfin, on m'a persuadé qu'il fallait convaincre les Américains de l'audace et de la ténacité de la race française. Comme s'ils ne les connaissaient pas depuis long temps ! Et puis j'ai signé des cartes, des photo graphies, énormément. Ma dernière photo...