Extrait du journal

Le discours, qu'il a prononcé avant-hierau Reichstag, ressemble trait pour trait à ceux qu'il avait déjà prononcés dans les session précédentes, et aux notes polémiques qu'il a fait insérer depuis un an dans la Gazette de l'Allemagne du Nord. On espérait y découvrir quelques éclaircissements sur la question qui divise Berlin et Vienne celle de Pologne. Il a trouvé avantageux de la traiter à mots couverts. On comptait aussi qu'il s'exprimerait nettement sur le problème qui divise l'Allemagne contre elle-même celui des annexions éventuelles réclamées par les pangermariistes ÎÎTa esquivé, sans dont*' pour ne point hâter une dislocation politique, qui risque de l'emporter avec quelques autres. La harangue du Reichstag est destinée tout entière montrer aux neutres, et spécialement aux Balkaniques, que l'Allemagne n'a pas voulu la guerre, qu'elle y a été contrainte par la Triple Entente. Or l'effet sera nul. Le chancelier n'a apporté aucun argument nouveau, et, d'ailleurs, quel argument eût pu tenir contre des faits désormais établis à tout jamais ? L'Angleterre, la Russie, lu France cherchaient jusqu' la dernière minute à sauver la paix, menacée par les empires du Centre. L'Allemagne et l'Autriche, après avoir multiplié les armements, se niaient sur deux petits Etats, alors que quaitre mois auparavant, M. de Jagow, dans une conversation désormais historique avec M. Jules Cambon, annonçait la destruction inévitable des nations secondaires. Le pangermanisme conduisait il la guerre, et la guerre éclata le jour ou le cabinet de Berlin convaincu ou terrorisé, se livra au pangermanisme....