Extrait du journal

é-" prêtions fatals comme l'un des plus merveilleux de l'histoire. Tout s'y transforme avec une stupéfiante rapidité. Les inventions du génie humain bouleversent du jour au lendemain les conditions de la vie. La conquête de l'air, il y a quinze ans seulement, était tenue pour une chimère et, pourtant, aous voilà en quelque sorte les maître des espaces célestes. Le téléphone eût semblé une création diabolique aux contemporains de Louis Xlil et la télégraphie sans fil eùt été jugée, sous le sejond Empire, une pure aberration. Nous nous sommes si bien accoutumés à l'extraordinaire que nous devenons presque incapables de surprise. Nous ne nous doutons même plus des changements qui ont été apportés à notre existence quotidienne, en ses plus minces détails. On reprochait aux contemporains les plus riches et les plus délicats de Henri III de ne point manger avec leurs doigts. User d'une fourchette était faire preuve d'excessif, de vicieux raffinement. Le bonheur suprême d'un paysan à la veille de la Révolution consistait à posséder deux chemises, car pareille acquisition n'était pas à la portée de tous. Le café, le chocolat, le'sucre furent pen. dant longtemps des comestibles rares, de prix exorbitants, et qui se trouvaient réservés aux grands seigneurs. Nous sommes déjà très loin, à beaucoup d'égards, du dix-huitième siècle, mais le train de la vie nous emporte avec une telle célérité que nous ne songeons pas toujours à faire la comparaison. Il est bon que d'autres, que des penseurs fortement documentés la fassent pour nous....