Extrait du journal
rv*- r- rpents, faire du commerce. On échappe à cette-incertitude insup portable qui fait de la vie un agiotage perpétuel, qui trans forme en spéculation l'achat d'une simple paire de chaussures, et qui arrête, en fin de compte, toutes les transactions, parce que celui qui vend craint toujours de vendre trop bon marché et celui qui achète d'acheter trop cher. Qui*n'a pas été retenu dans l'or ganisation de son existence et découragé de former des projets d'avenir par l'idée qu'il ne savait pas sur quels revenus précis il pourrait compter dans les temps prochains ? Il y a maintenant plus de sept mois que dure la stabilité de fait. L'expérience se prolonge et il apparaît que le niveau auquel le franc a été fixé par tâtonnements correspond à peu près à la capa cité et à la force de notre écono mie. On note quelques symptômes de ralentissement dans les échan ges, de fléchissement dans les recettes fiscales. D'une manière générale, avec le franc à vingt centimes, c'est-à-dire revalorisé en un an du simple au double, la résistance du pays se maintient. Et ce qui apparaît surtout, c'est qu'on ne répondrait plus de cette résistance avec un franc qui aurait triplé ou quadruplé, c'est à-dire qui vaudrait trente ou qua rante centimes. On observera peut-être que l'essai n'en a pas été fait et que, par conséquent, personne n'en sait rien. Mais si l'essai était dangereux ? La sa gesse des nations dit que mieux vaut tenir que de courir et qu'un moineau dans la main est préfé rable à un pigeon sur le toit. Chose remarquable : une mon naie, même largement dépréciée mais stable, offre des avantages que n'a pas une monnaie entière ment revalorisée. Les Anglais ont mis leur point d'honneur à rame ner la livre au pair. Non seule ment il leur en a coûté du chô mage et des crises, mais_ encore on a vu, ces temps derniers, le franc, tout écorné qu'il est, mettre la livre en péril. Si ce n'est pas le franc, c'est au moins le crédit de la France. Lorsque, largement pourvus de devises étrangères, nous avons voulu échanger de 3 livres sterling contre de l'or, puis que, théoriquement, la livre vaut de l'or, la Banque d'Angleterre a crié grâce. Le franc, réduit des quatre cinquièmes, serait-il plus vigoureux que la riche monnaie voisine, fière de son intégrité ? On pourrait alors le comparer à ce personnage dont Alfred de Mus set disait que « sa mère l'avait fait tout petit pour le faire avec soin. » Jacques Bainville....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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