Extrait du journal

Lorsque la Grande-Bretagne rompit, il y a quelques semaines, ses relations diplomatiques avec les Soviets, les milieux gouvernementaux et la presse de Moscou affectèrent do considérer cette rupture comme un événement depuis longtemps prévu et en somme peu nuisible aux intérêts russes. Toutefois dans le secret des conseils du Kremlin, où l'on ne croyait pas jusqu'au dernier moment que l'Angleterre oserait affronter un pays de cent quarantecinq millions d'habitante, la déception n'en fut pas moins vive. Mais ce ressentiment n'éclata publiquement qu'après le meurtre de Voikov. Le geste de folie d'un jeune homme de dix-neuf ans mettant le comble à la colère moscovite, servit en même temps de prétexte pour crier au complot et pour déchaîner la fureur des masses russes contre la Pologne et la Grande-Bretagne. Le gouvernement polonais fut pour ainsi dire sommé de mettre à mort le jeune Kosverda et celui de Londres fut accusé de vouloir anéantir la Russie par la guerre....