Extrait du journal

possède pas. _ . , C'est justement ce qui fait tout le monde le sait maintenant que l'or afflue chez nous tandis qu'il se dérobe ailleurs. Mais de là découle aussi une conséquence qu'il n'est pas difficile d'apercevoir. Il s'est produit de grosses entrees d'or en France (comme il s'en est produit d'ailleurs en Suisse) parce que notre pays a été considère comme un refuge. Tout >ce métal jaune, nous ne le possédons pas réellement. Il y en a une partie, qu'il ne serait pas aisé de chiffrer avec exactitude, mais qui doit être impor tante, et que nous détenons à titre • provisoire. C'est à nous et à notre sagesse, surtout à notre sagesse budgétaire, qu'il appartient de faire que ta situation ne se renverse pas à notre détriment. Nous avons vu, ces temps-ci, par l'exemple des Etats-Unis, à quel point l'or est sensible et comme il faut peu de chose pour le mettre en mouvement. Il a suffi du bruit que le dollar était ébranlé pour provo quer de grosses sorties de métal jaune- On s'est rassuré. Les sorties d'Amérique ont cessé comme par enchantement. Il est donc puéril d'accuser ceux ci ou ceux-là d'accumuler l'or, de le stocker et de l'accaparer. En réalité, personne n'a jamais pu s'en rendre maître. Il est l'expression de la for tune que les anciens, dans leur mythologie, représentaient avec une roue parce qu'elle tourne sans cesse et qu'il est impossible de la fixer. L'or est, du reste, comme une per sonne vivante, et comme une per sonne qui serait assez susceptible, qui exigerait même beaucoup d'égards. Depuis que les Anglais ont détaché de lui la livre sterling, ils le traitent avec quelque désinvolture. Ils ne veulent pas stabiliser leur monnaie avant qu'elle ait subi (comme le franc en 1927 et pendant le premier semestre de 1928) l'épreuve d'une stabilisation de fait. Jusque-là, l'or anglais est pour ainsi dire en congé. Il n'est pas étonnant qu'il s'en promène une certaine quantité dans nos parages. Mais l'espèce de dédain que l'Angleterre affecte en ce moment pour l'or ne durera pas. Il n'y a pas à craindre la monnaie universelle, la monnaie « espéranto », beaucoup plus qu'il n'y a lieu d'en annoncer l'avènement. La livre sterling reviendra à l'or à moins que, d'ici là, ce qui est peu probable, on n'ait trouvé mieux. Alors il se produira sur notre encaisse des appels qui seront tout naturels. La fameuse redistribution du métal jaune se fera toute seule. L'important est que nous en gar dions assez pour nos propres besoins, ce qui, répétons-le, dépend de nous et de notre volonté de ne pas porter atteinte à notre propre monnaie. Car la stabilisation du franc à vingt centimes, qui fut nécessaire, a néanmoins coûté trop cher pour qu'elle puisse être remise en question. Jacques RAINVII.LK....