Extrait du journal

Un officier distingué de notre marine, le commandant Uiondel, appelle depuis longtemps l'attention sur la gravité et la multiplicité de ces dangers. Les paquebots à grande marche ont modelé leur service sur celui des chemins de fer. Ils ne connaissent pas, ne veulent pas connaître d'obstacles. En mer ils vont droit leur chemin, même en temps de brume, s'avançant la vitesse de vingt nœuds à l'heure, ce qui équivaut à la rapidité d'un train omnibus. Si dans ces courses sans arrêt ils rencontrent un autre bâtiment, ils broient ou sont broyés. Personne n'a perdu le souvenir du sinistre de la Ville-du- Havre, qui, en 1875, sombra dans la Manche sous le choc du voiliaeie Loch-Eam. Plusieurs centaines de victimes périrent dans cette catastrophe. Mais depuis 1875 la navigation à vapeur a singulièrement développé sa vitesse et les abordages sont bien autrement redoutables qu'à cette époque. Ces périls menacent tout le monde il y a dans toutes les classes de la société des personnes qui pour des motifs quelconques peuvent être appelées à s'embar ;uer, a voyager sur ces immenses bâtiments qui égalent presque la vélocité des chevaux de course et qu'un choc soudain peut précipiter dans les abîmes. Ces éventualités si alarmantes sont encore aggravées par des circonstances que, M. le commandant Riondel mettait récemment en lumière et qui intéressent spécialement la navigation de la Manche. Loraque deux navires se heurtent, celui qui est le moins avarié doit, s'il est possible, remorquer l'autre et le conduire au port le plus prochain c'est un devoir d'humanité qui s'impose....