Extrait du journal

RAPATRIÉS Ce qu'il y a de particulièrement bon dans ces fêtes de fin d'année, Noël et Jour de l'An, c'est qu'elles permettent à bien des pauvres gens de s'improviser commerçants pour quelques jours et d'alléger ainsi leur misère. Les uns parviennent, si modeste qu'elle soit, à établir une petite boutique sur les boulevards, à y vendre des 'jouets qu'ils ont pu obtenir à crédit; d'autres se contentent de la petite table à pieds en X, sur laquelle ils font un étalage sommaire ceux-là, comme le philosophe grec, portent toute leur fortune sur eux installés tantôt sur un point, tantôt sur un autre, errant au gré de la houle humaine, ils exhibent l'objet à faire « mousser » et savent amuser leur auditoire. Tous oublient pour un instant leur détresse; ils espèrent qu'à l'heure où Paris va, pour les étrennes, délier les cordons de sa bourse, quelques pièces du fabuleux trésor qui sera mis en circulation tomberont en leurs maigres mains....