Extrait du journal

Comment faisait-on donc au bon vieux temps, dans une famille pauvre quand un enfant tombait malade ? On le portait à l'Hûtel-Oieu, qui -ouvrait ses portes à six heures du matin. On sonnait. Une sœur portière arrivait, prenait Fenfant et, sans même s'inquiéter de l'adre^pe des parents, l'amenait dans la salle. Là elle le déposait dans quelque coin et partait à la recherche d'un lit. Quel lit? Vous pensez peut-être que chaque malade avait, alors, comme aujourd'hui, son lit? Bétrompez-vous. A cette époque il n'y avait réglementairement qu'un lit pour quatre malades. Et quand il s'agissait d'enfants, on empilait dans le même lit six, huit jusqu'à douze de ces petits êtres, pêle-mêle des garçons et des filles, des bébés et de grands enfants. Ce n'était plus un lit, mais un véritable musée de pathologie infantile, où sous l'unique, couverture, on trouvait, côte à côte, des coquelucheux et des sçarlatjneux, des diphtériques et des tuberculeux, des typhiques et des paralytiques. De cette façon. quand un enfant entrait pour une maladie, il ne tardait pas à en contracter une autre et presque toujours il mourait d'une troisième. Se figure-t-on tableau plus navrant ? Et pourtant l'enfant qui trouvait une place dans un de ces lits pouvait encore s'estimer heureux. Savez-vous ce qu'on faisait quand l'es lits d'enfants étaient bondés? On mettait le petit dans un lit pour* grandes personnes. Et qui avait-il pour voisins? Des individus couverts d'ulcères, des avariés, des phtisiques, parfois des fous....