Extrait du journal
Ces difficultés, à vrai dire, ne sont pas nouvelles. Il y a déjà longtemps que, chez nos voisins, le chancelier nistre des Finances, est l'homme le plus préoccupé, sinon toujours le plus occupé, du gouvernement. Mais, aujourd'hui, tout le monde sent que ces difficultés ne laissent aucune marge à la temporisation des techniciens ni à la prestidigitation des politiciens. La limite est atteinte au delà de laquelle une crise de confiance une de ces crises de confiance contre quoi la science financière, à elle seule, ne peut rien mettrait en péril la livre sterling. Je répète que nous ne saurions assister en spectateurs désintéressés aux embarras que subit l' Angleterre. Si ces embarras tournaient mal, nous en éprouverions à tous égards un dommage difficile à cal-; culer. Les répercussions d'un ébranlemènt grave du crédit britannique atteindraient directement le crédit des autres peuples dans l'univers entier. Le commerce, les échanges internationaux et la structure même des marchés en seraient déséquilibrés. La situation, de notre propres économie, et, par conséquent, de nos propres finances, deviendrait très délicate car l'Angleterre est, de beaucoup, le meilleur client de notre commerce, en même temps que le pays avec lequel nous entretenons les relations financières les plus étroites. Au point de vue de la politique générale, une telle éventualité, privant l'Europe de l'organe pondérateur auquel elle est habituée et affaiblissant dans le reste du monde précisément le prestige européen qui se confond, sur de vastes étendues, avec le prestige britannique, entraînerait des troubles de toute sorte. Même si n'existaient pas entre le peuple anglais et le peuple français l'amitié parfois un peu bougonne, mais fidèle, la sympathie de civilisation et la communauté de souvenirs qui les unissent depuis si longtemps, notre intérêt évident serait que l'Angleterre sortît le plus tôt possible de la passe dangereuse où elle se trouve. J'ajoute qu'envers une nation comme celle-là, à certains moments, nous devons savoir agir de nous-mêmes avec une franche amitié sans attendre que l'on nous en prie. Nous avons consenti, au cours de notre histoire, des générosités plus mal placées. En tout cas, la politique française s'égarerait si elle cessait, sous quelque forme ou quelque prétexte que ce fût, de travailler à maintenir son accord avec la politique britannique. Il reste que le problème anglais) sous le double aspect des difficultés financières et du chômage, est, parmi les grands problèmes de notre temps, un de ceux que l'esprit mesure avec le plus d'anxiété, 1 dans l'incertitude d'une solution possible. On a beaucoup reproché à l'Angleterre certaines erreurs suppo- « sées de sa politique monétaire, de t sa politique sociale, de sa politique industrielle, sans parler de sa poli- i tioue extérieure. En fait, il convient de reconnaître qu'aucune grande nation ne s'est trouvée, au lendemain de la guerre, devant un changement aussi complet des données particulières et générales sur lesquelles elle avait fondé sa fortune. Pour que l'on s'en rende compte, il suffit de rappeler que la suprématie de l'Angleterre était faite jadis de la maîtrise navale. de la maîtrise du crédit, de la maitrise du commerce d'outre-mer et de la maîtrise, au moins relative, du charbon. Elle a dû céder sur toute la ligne négocie: un équilibre de flottes avec les Etats-Unis et le Japon. accepter de dépendre de New-York pour'son crédit, s'incliner devant la concurrence nouvelle et le protectionnisme des pays d'outre-mer, laisser le pétrole gagner de plus en plus sur le char·...
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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