Extrait du journal

Tout le monde prévoit que, dans la négociation franco-allemande, il y aura des épisodes difficiles quelques explications préliminaires n'auraient pas été superflues pour amortir les heurts et préparer des solutions. On préfère se jeter brusquement dans le vif du sujet, et, par la procédure des notes écrites, accentuer les contrastes au lieu de les estomper c'est une méthode. La clarté y gagnera, mais, pour éviter un échec dont les conséquences seraient graves, une condition sera indispensable. Les deux gouvernements devront s'imposer une très grande discrétion. Si les notes échangées sont tout de suite rendues publiques, si les thèses opposées sont tout de suite divulguées, si, de part et d'autre, l'opinion est instituée juge d'un débat qui doif, pour le moment, conserver un caractère technique, l'entente deviendra bien difficile si la.politique s'installe sur le devant de la scène, la pièce ne pourra pas se jouer. Nous sommes sûrs que, du côté français, on le regrettera, et que le président du Conseil reconnaît la nécessité d'avoir avec le gouvernement de Berlin une explication franche et complète le discours qu'il prononçait, vendredi dernier, à la Chambre contient, à cet égard, une déclaration précise. La question est de savoir si le même état d'esprit existe encore en Allemagne. Il n'est pas impossible que M. Marx et M. Stresemann se soient persuadés qu'ils avaient intérêt à attendre. La mise en circulation du rentenmark a momentanément amélioré la situation 'le Trésor est vide, mais le public ne s'en doute que vaguement, il constate seulement que la hausse du prix de la vie, après s'être ralentie, a cessé, et qu'une certaine stabilité des prix a été réalisée du même coup, les menaces de crise se sont atténuées on fait crédit, une fois de plus, au gouvernoment. Alors, pourquoi se presser ? Pourquoi s'engager avec la France, quand, dans trois semaines, l'avènement d'un cabinet travailliste en Angleterre ouvrira un champ infini de combinaisons nouvelles ? Une fois de plus, l'on regarde du côté du mirage anglais, et il est malheureusement, dans le parti travailliste, assez d'adversaires systématiques de la France pour confirmer dans cette opinion un peu simpliste un gouvernement enclin à prendre ses désirs pour la réalité....