Extrait du journal
Le meurtrier menaçant les gendarmes de son arme, on ne pat s'emparer de lai qu'après un siège d'une nuit, alors qu'il tentait de s'enfuir Poitiers, 24 mars. DH NGTRB CORRESPONDANT PARTICULIER Un drame de famille qui a fait quatre orphelins s'est déroulé la nuit dernière à Mirebeau. Depuis deux ans environ habitaient, rue Rabelais, les époux Joubert, origi naires tous deux de Betz-le-Chàteau (Indre-et-Loire). Ils vivaient là avec la plus jeune de leurs filles, Augustine, âgée de treize ans. Trois autres enfants sont issus de leur mariage : l'aîné, Joseph, dix-huit ans, élève au séminaire de Tours ; la cadette, Yvonne, quatorze ans, en pen sion à. Poitiers ; le plus Jeune, JeanPierre, placé à l'orphelinat de Riche lieu (Indre-et-Loire). Le ménage était mal assorti. Le mari, Jules, quarante-cinq ans, pares seux et aimant boire, ne travaillait que rarement. C'était la femme, née Joséphine Julia, quarante ans, qui, laborieuse et honnête, pourvoyait aux besoins de la famille ; elle allait en journée et était très estimée de ses patrons. Le mari n'était pas seulement pa resseux et buveur : depuis la guerre, à la suite d'une violente commotion cérébrale occasionnée par l'explosion d'un obus, il ne jouissait pas de la plénitude de ses facultés mentales ; il était devenu très irritable et se plai gnait (le persécutions imaginaires. Il prétendait que des individus, qui con voitaient sa femme, la poursuivaient de leurs àssiduités et de leurs mena ces. Cela le rendait fort jaloux, d'une Jalousie injustifiée, d'ailleurs, mais qui le faisait injuste envers lç3 siens. On ne pensait toutefois pas que cela le conduirait au crime. Hier après-midi, Joubert, qui était allé travailler à la ferme de Douce, regagna son domicile, où il ne trouva que sa fille Augustine, avec l'eide de laquelle il prépara le dîner. Sa femme, qui était allée à Poitiers, rentra à 19 heures. On dîna, puis tout le monde se coucha. Le drame Vers 22 heures, des voisins, les époux Bagouin, entendirent un coup de feu, suivi peu de temps après d'un second. Ils se levèrent et perçurent alors les appels au secours de la petite Augustine. Bientôt la fillette se réfugiait chez eux affolée, disant que son père venait de tuer sa mère. Des gendarmes, immédiatement pré venus, se rendirent sur les lieux. Us ouvrirent la porte de la -maison où venait de se dérouler le drame. Mais à peine le seuil franchi, ils furent obli gés de battre en retraite : Joubert les mettait en joue avec son fusil et les sommait de sortir. Toute la nuit, les gendarmes sur veillèrent la maison. Au matin, vers 6 heures, comme ils s'apprêtaient à en tenter l'assaut, Joubert sortit par la porte donnant sur la rue et essaya de fuir. Il fut vite rejoint et, voyant les revolvers braqués sur lui, il se laissa docilement appréhender. A l'intérieur de la maison, les gen darmes, trouvèrent le fusil, chargé de deux cartouches, et, dans la chambre à coucher, le cadavre, étendu sur le lit, de la malheureuse Mme Joubert. D'après les premières constatations, Joubert aurait fait feu à quatre re prises. n tira deux fois alors que sa femme était couchée ; les charges ne l'atteignirent pas et allèrent se perdre dans le mur. Rechargeant son fusil, Joubert tira de nouveau sur la mal heureuse qui, affolée, s'était levée. Une première charge lui sectionna le bras droit ; la seconde, faisant balle, l'attei gnit dans le dos, la tuant net. Le meurtrier est un homme de taille moyenne, à l'air maladif, et qui est tout hébété. Le visage enfoui dans ses mains, il pleure sans cesse. Il parait inconscient de son acte. Interrogé par les gendarmes, il répond par monosyllabes, incapable de préciser le mobile et les circons tances de' son geste criminel. Il se borne à répéter que les gens qui lui veulent du mal l'ont poursuivi toute la journée et que c'était à cause de sa femme. Il faut voir là les raisons de ce drame navrant. Le parquet de Poitiers s'est trans porté cet après-midi sur les lieux, accompagné du médecin légiste. Nous croyons savoir que Joubert, transféré à Poitiers, sera soumis pro chainement à un examen mental....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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