Extrait du journal
Ces vieux éléphants connaissent la manœuvre. Ils savent que le plus simple est encore d'obéir au cornac. Ce sont les loups devenus bergers dont le troupeau connaitra peut-être la rigueur. Quand les rabatteurs ont occupé la périphérie de la jungle, on se met en mouvement. On n'attend pas pour cela les invités, car ce « rapproché » dure plusieurs jours. La ligne des éléphants rabatteurs s'avance en demi-cercle, Elle tâche d'empêcher le gibier de forcer. Peu à peu, le cercle se resserre et l'on arrive en vue des chasseurs. Les tigres, lentement repoussés ne sont pas perdus de vue. Ils essaient de se néfiler, de se cacher dans les herbes et rie se laisser dépasser mais, en général, ils n'y réussissent pas. Quand on arrive à les tenir, comme, dans nos chasses françaises, on tient les lapins, dans un « fermé le feu commence. Il s'agit de débusquer les tigres ou les rhinocéros de façon à ce qu'on puisse les tirer au vol. Bien que les grandes chasses soient rares, l'instinct des fauves les avertit et il est souvent très difficile de les mettre en mouvement. Il arrive aussi que les tigres, surtout les tigresses, plutôt que de s'offrir bêtement au feu des chasseurs, essaient de vendre chèrement leur vie et d'exercer sur les éléphants de sanglantes représailles. La chasse royal organisée conformément à ces règles a été particulièrement abondante. Georges V, à lui seul, a tué vingt-quatre tigres et quinze rhi nocéros. On signale comme son plus beau succès un coup double qui a abattu, tour à tour, un tigre et un ours. C'est le nouveau maharajah du Népaul, qui venait de succéder à son père mort récemment, qui était, en la circonstance, l'hôte du roi. Un train spécial a conduit la suite royale le 18 décembre à Bankipore. Puis de là, en automobile, par une route tracée en pleine forêt, on gagna le camp de Sukina et les chasses commencèrent aussitôt. Des espèces de hottes d'osier, placées en guise de selles sur le dos des éléphants, permettaient aux chasseurs de .viser a loisir et de tirer presque a coup sùr. La battue finie, on déjeunait sur le terrain et l'on recommençait !e lendemain....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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