Extrait du journal

L'artiste était fort émue en relatant les circonstances du drame. J'ai fait mes études, a-t-elle expliqué, au Conservatoire de Varsovie et, à ma sortie, je fus engagée au théâtre Polo nais. J'ai connu M. Zyznanski il y a trois ans et demi. Peu après, un cancer s'étant déclaré, il dut être opéré à deux reprises, sans succès. On lui conseilla de venir à Paris et il fit le voyage dans les derniers jours du mois de mai. Au mo ment où il dut entrer à l'hôpital Brousse, il me télégraphia de venir à. ses côtés et j'arrivai ici le 15 juin. Les soins des médecins et mon assistance furent, hélas ! inutiles. Le 12 juillet, la transfu sion du sang fut opérée et ne donna pas de meilleurs résultats. Trois jours après, j'entendis un infirmier qui annonçait qu'on allait lui injecter une ampoule de morphine. Je compris que c'était le der nier stade, qu'on voulait lui éviter. les souffrances suprêmes. A ce moment, il dormait, la bouche ouverte. Il m'avait dit un jour qu'un coup de revolver tiré dans la bouche donnait instantanément la mort. Une autre fois, il m'avait dit que s'il n'avait pas le courage de se tuer, je devais avoir ce courage pour lui... Je pris le revolver, qu'il avait lui même chargé, et je tirai... J'étais affolée. La balle le frappa à la tempe. Je me précipitai dan 3 l'escalier en appelant au secours, mais on ne put le sauver 1......