Extrait du journal

Tandis que les stations dauphinoises, fcavoisiennes et suisses s'ouvrent pour recevoir les fanatiques des hautes cimes, que les hôtels attendent les voyageurs, et que les guides examinent leurs cordes et leurs piolets, un prince de sang royal accomplit au loin, dans les solitudes glacées de l'Asie centrale, sur le rebord du toit du monde, les plus gigantesques .ascensions qu'on ait encore tentées. Une dépêche arrivée ces jours-ci annonçai que le duc des Abruzzes, le héros du roman d'amour que l'on sait, ailait escalader le pic K2. Le sommet qui porte ce nom bizarre, est l'un des plus hautains du monde, et pour atteindre a sa pointe terminale, que nul être humain n'a encore foulée, il faudrait entasser les Pyrénées sur les Alpes. Le dua des Abruzfces réussira-t-il en sa dangereuse entreprise ? Nous ne tarderons pas 8 le savoir. Il est vrai qu'il a déjà derrière lui un glorieux passé d'alpiniste, et qu'avant d'avoir gravi le Rovenzori, le géant dominateur du continent africain, il avait effectué d'innombrables courses dans les Alpes italiennes, françaises et suisses. La famille royale d'Italie a toujours excellé, au surplus, dans ce sport périlleux. Le fondateur de l'Unité, VictorEmmanuel, allait chasser le chamois dans les hautes vallées piémontaises, à la limite des glaciers, sans souci des rochers éboulés et des avalanches croulantes, et aujourd'hui encore les refuges qu'il a fait construire abritent les touristes qui parcourent la région d'Aoste. La reine-mère Marguerite, la veuve d'Humbert II, est une passionnée de la montagne. On l'a vue sur le versant italien du Mont Rose et aussi dans notre massif du Mont-Blanc en remontrer aux professionnels pour l'endurance, le sangfroid et l'agilité....