Extrait du journal

Dans les premiers jours du mois dernier, M. M..., employé principal d'onc importante mai son de commerce, habitant le quartier des Ternes, recevait une lettre dans laquelle on l'in vitait à se présenter sans retard pour une affaire urgente et confidentielle, rue du Faubourg-Mont martre, chez M. Bernard Révillard, « détective privé », directeur d'une agence de renseigne ments. Très intrigué par cette convocation, M. M... se rendit à l'adresse indiquée et fut introduit séance tenante dans le bureau directorial et c'est en ces termes que se présenta lui-même Bernard Itévil lard : Monsieur, j'ai un absolu besoin d'argent. Vous ne me connaissez pas, c'est vrai ; mais je sais sur votre compte des faits qui vous per draient dans la considération de tous si je les divulguais. Je tiens votre honneur entre mes mains. En formulant ces menaces, je sais que j'encours cinq ans de prison au maximum, mais ie risque le tout et suppose que vous ferez droit mes exigences. II mo faut 10,000 francs pour mon silence. Et comme M. M... protestait, son interlocuteur ajouta : Vous êtes un amateur de courses, je ferai savoir à votre patron que vous puisez dans sa caisse et. en même temps, j'enverrai à votre femme quelques lettres qui la mettront au cou rant de vos frasques de jeunesse et de vos petites liaisons. Sur ce point, M. M... aurait pu invoquer la prescription car il est marié depuis plus de vingt ans et père d'une jeune fille de dix-neuf ans. Mais la crainte d'un scandale le fit hésiter. Bien que sa probité ne pût être soupçonnée, il eut peur et consentit à verser 2,(D0 francs. 11 croyait en être uiusi quitte avec Révillard; celui-ci revint bientôt à la charge et, en deux fois, il exigea une nouvelle somme de 5,000 fr., qui lui fut versée. Mis en goût, le » détective privé » renouvela ses menaces, par lettres, par télégrammes, par téléphone. M. M... ne put même éviter une discussion dans un restaurant du bois de Boulogne, où Révillard vint le relancer alors qu'il dînait en famille. La discussion dégénéra en pugilat et les agents intervinrent, mais "affaire n'eut pas de suites....