Extrait du journal

Dans ses Lettres sur la stratégie, le prince Kraft de Hohenlohe nous a donné une esquisse savoureuse de ces réunions quasi quotidiennes, où se discutaient les destinées de l'armée prussienne, pendant que déjà le sol de la Franconie tremblait sous les pieds des chevaux de Murat. On voyait arriver là, s'appuyant péniblement sur une ..canne, des débris respectables, mais valétudinaires, de la guerre de sept ans, qui, tout imprégnés de la vieille routine, avaient encore foi dans « l'ordre oblique et espéraient trouver en lui le paratonnerre qui écarterait les coups de foudre de Napoléon. L'un d'eux, même, fit complètement manquer, certain jour, le départ de toute l'armée, .étant entré très en retard au conseil, I à cause de sa transpiration du matin ». Quels résultats donnèrent ces péni'bles parlottes, on le sait. La Prusse fut sur le point de disparaître de la carte id'Europe. Son exemple ne corrigea pas, ,cependant, les généraux faibles, indécis ;ou incapables de la manie funeste qui ,avait conduit naguère Soubise à Rossbach et Frédéric-Guillaume III à Iéna. Soixante-quatre ans plus tard, on devait 'encore voir un Bazaine reprendre leurs errements détestables et perdre en con'Ciliabules inutiles le temps qu'il aurait dû donner à l'action. Si cette abdication de soi-même ne fut point la cause unique de la catastrophe de Metz, on peut affirmer qu'elle y a contribué pour une bonne part....