Extrait du journal
Les rigueurs de notre dernier hiver n'auront peut-être pas été inutiles. Elles auront peut-être permis à certaines de. nos administrations de découvrir que l'hiver pouvait être ■ vraiment une saison assez froide... J'ai dû signaler, en janvier, en février ue notre an de grâce 1929, quand il gelait à pierre fendre, que nos soldats, dans beaucoup de casernes étaient positi vement frigorifiés... C'était pousser un peu loin le vieux principe militaire qui veut que les troupes soient toujours fraîches... Les chambrées étaient glacées... Les lava bos étaient gelés... Dans de maigres poêles, datant de la découverte de l'Amérique, on jetait quelques pauvres kilos de charbon; et les bronchites et les pneumonies allaient se multipliant.. Par des froids sibériens, le règlement obligeait les chefs à ne pas user plus de charbon que s'il avait fait une température printanière... Réglemen tairement, administrativement, il ne devait pas faire plus froid, par vingt degrés au dessous de zéro, que par dix degrés au-dessus... Le froid, dans les casernes, comme les cheveux des soldats, était taillé à l'ordonnance... Et l'on .songeait peut-être à flanquer quatre jours au thermomètre, avec le motif : pour insubordination aux ordres des supérieurs !... Eh bien ! l'hiver qui va venir, même s'il fait plus froid que l'hiver dernier, nos soldats auront moins froid... Il faut remercier et féliciter le ministre de la Guerre qui a toujours eu, du,reste, le plus grand souci de la santé de nos sol dats'et* qui n'a jamais craint (de lutter, quand il le fallait, contre les. faiblesses -de sa propre administration. Le ministre de la Guerre: a voulu que fussent aug mentées! les quantités de charbon' allouées aux troupes... Il l'a voulu et il a su impo ser sa volonté... Les chambrées, cet hiver, seront . convenablement "■> chauffées... Le ministre est allé plus loin : il a décidé que, désormais, ; l'autorité; militaire pour rait régler Je chauffage des casernes selon la température extérieure, et non, seule ment, selon le règlement... On allumera le feu quand il fera froid, même si le froid s'avise d'apparaître à une date non régle mentaire... La consigne ne sera plus de grelotter dans les casernes.... Nos soldats auront le droit d'avoir un peu, chaud Ainsi, pour une fois,' une leçon n'aura pas été perdue... Ainsi, les pénibles inci dents de l'hiver dernier ne se reproduiront plus.... L'hiver, cette fois, même s'il est rude, ne surprendra plus, les chefs et ne décimera point nos troupes... : Célébrons , le décret du 21 octobre tg29 qui organisa, dans nos régiments, la défense contre, l'hiver, cet ennemi redou tableNos soldats, s'ils doivent être aguerris, n'ont pas besoin, pour s'aguerrir, de con-| tracter des bronchites... S'il faut, en temps de guerre, qu'ils aillent au feu, il faut qu'ils y aillent aussi en temps de paix quand il gèle... Et que le feu soit un bon feu joyeux et clair dans un bon poêle solide et sain... Maurice PRAX...
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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