Extrait du journal

A chaque pas cependanl. on croise des ft.mrnes traînant par la main de petits enfants en grand deuil, tous sanglotent ils vont aux nouvelles ou hien sortent de la préfecture maritime où un aide de camp vient de leur apprendre que l'explosion de la Liberté a fait La mère veuve et les fils orTous les drapeaux sont en berne, Dans les rues, ce ne sont que groupes attristés, commentant l'épouvantable malheur. Ou se remémore avec force détails les heures noires qu'à maintes, reprises vécut la cité. Les explosions du Sf asséna, de la poudrière de f>agoubran, du léna, qui fauchèrent tant de jeunes et précieuses existences, et l'on ne se gène point pour accuser. de tous ces méfaits accumulés la fameuse poudre BJ'ai entendu, dans un groupe d'ouvriers, parler de malveillance, de sabotage. Est-il permis d'envisager une aussi affreuse hypothèse et quel pourrait être le monstre qui, de propos délibéré, aurait la lâcheté de jeter à la mort toute cette pâture de jeunes. et d'énergie ? Non, il n'y eut point sabotage, et le spectacle auquel il m'a été permis d'as- j sister ce matin suffit écarter toute pensée de mésentente dans ce corps de la marine, si éprouvé, si fidèle et de si haute tenue. L'ÉPAVE...