Extrait du journal
Demain, Grand Pfix. Pot au Feu, vainqueur du Derby, sera favorit Que pense de son poulain le prince Aga Khan (casaque verte, épaules rouges, toque verte) ? Au Ritz. Une antichambre bourrée de malles entrouvertes. Des secré taires, debout, qui attendent. Dans un petit salon vert d'eau, l'Aga tra vaille. Veston bleu marine, chemise molle, Eantalon de flanelle, souliers de daim lanc : la tenue de châtelain, le matin, dans son parc. Le voici debout. Assez grand, tout rond. Torse rond, tête ronde, bouche ronde à moustache en brosse à dents, yeux ronds derrière des lunettes rondes à monture or : d'honnêtes lunettes de notaire campagnard. Derrière leurs gros verres, un regard malin me scrute : Au moins, vous ne venez pas chercher un « tuyau » ? (Aïe 1 Précisément... Je... Il vaut mieux commencer par parler d'autre chose.) Non, prince ; mais vos impres sions sur la France, sur Paris... Paris ! Ah 1 Paris ! c'est drôle ! Vous y venez (comme moi) pendant trois mois, chaque année, depuis vingt-sept ans... Vous y avez des amis, beaucoup de relations, la fouis vous ignore. Un beau jour, parce qu'un de vos chevaux ?.,çuiiru un peu plus vite que ses petits camarades, tout Paris a les yeux fixés sur vous, Les chansonniers, les caricaturistes vous découvrent... Et vlTus voilà, bien qu'Hindou peut-être à cause de ça une figure «bien parisienne». C'est ça ? Exactement ça. Tant mieux, ma foi, puisque cela me permet de dire à vos cen taines de milliers de lecteurs ce que mes amis connaissent depuis long temps : combien j'aime la France. La guerre nous l'avait déjà prouvé. Nous savons que, dans les ports anglais, vous avez droit à une salve de onze coups de canon, en ré compense de fidèles services rendus à la cause des alliés. L'Aga m'entraîne vers la fenêtre. A nos pieds, les vertes pelouses du jardin du ministère de la Justice. Je voudrais être garde des Sceaux pour jouir de ce jardin. Quel calme, au milieu de la fièvre de Paris ! Quelle douceur ! Toute la France est là, franche, souriante, parfumée, entre ces sages allées. « Bien parisien », moi ? Mais non. J'ai une âme de provincial. J'adore Paris ; mais je préfère vos campa gnes ; la Bretagne, belle comme l'lrV lande ; la Savoie,' sauvage comme l'Himalaya ; Orange. Avignon, toute cette Provence où je vais retrouver, au cœur de l'été, les couleurs écla tantes de ma patrie, Vous connaissez toute la France! Toute. Et la Chine, le Japon, toute l'Europe, l'Amérique, l'Afrique, du nord au sud. Ah ! il y a tout de même l'Australie que je ne connais pas....
À propos
Le Petit Parisien est un grand quotidien français, publié entre 1876 et 1944. Il était l’un des principaux journaux sous la Troisième République.
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