Extrait du journal

Les nuages qui s'étaient amoncelés sur l'Adriatique ont plus de peine à se dissiper qu'on n'avait cru tout d'abord. Aux premières questions qui lui ont été posées, le gouvernement yougoslave a répondu par les déclarations les plus pacifiques et s'est montré prêt à toute enquête effectuée sur place et qui démontrerait l'inanité des accusations dont il était l'objet. Paris, l'attitude a été immédiatement ik> plus nettes. Contrairement aux allégations de la presse italienne, le gouvernement français n'a nullement penché pour ki Serbie et il a donné à Belgrade des conseils de prudence et de modération qui ont été suivis. Cette loyauté et cette volonté de maintenir la paix ont eu leur effet à Londres, où il est évident que l'opinion, et peut-être le gouvernement lui-même. étaient plutôt favorables à l'Italie. De là révolution très rapide de la presse anglaise. Quant au gouvernement allemand, saisi comme les gouvernements français et britanni-' que, par M. Mussolini, il s'est également attaché à suivre notre politique. Il est assez curieux de constater que, dans les premiers jours, la presse allemande de gauche, persuadée que la France défendrait la Serbie contre les accusations italiennes, soutenait le gouvernement de Belgrade, tandis que. pour la même raison,' les journaux nationalistes se montraient partisans de l'Italie. A Berlin comme a Londres on a vite compris que 1I. Briand indiquait la voie droite et qu'il n'y avait qu'à, la suivre. Le résultat fût que le gouvernement italien retira ses menaces, affirma qu'il avait simplement voulu signaler une situation qui lui paraissait dangereuse pour la paix. qu'il était lui-même animé des intentions les plus pacifiques et qu'il était disMais les choses en sont restées là et la solution proposée par Londres et par Paris est en suspens une enquête menée par Ces expertes militaires apparteliant aux trois puissances auxquelles a fait appel le gouverne*jnent italien, cette enquête pou;vant se faire des deux côtés de la frontière et être accompagnée ou non d'officiers serbes et italiens. L'incident n'est donc pas clos. Il le sera. pourtant, si telle est la volonté bien arrêtée des gouvernements français, anglais et allemand. Comme l'ont dit à la fois Paris et à Berlin M. Briand jet M. Stresemann. la paix ne se trouble pas si facilement. (Elle n'est pas aussi solide qu'on le voudrait, mais elle l'est plus qu'on ne le croit....