Extrait du journal

Le coup allemand contre M. Ghenadief L'affaire Ghenadief est doublement intéressante. Si le coup monté par les Allemands contre l'homme d'Etat bulgare avait réussi, la politique d'adhésion de la Bulgarie à la Quadruple Entente, qu'il préconise depuis que son voyage à Rome et à Paris lui a permis de constater l'état réel des choses en Europe, aurait subi un 'grave échec, et cet échec rendrait très difficile au cabinet Radoslavof, seul possible à l'heure actuelle, l'entrée en ligne à côté des alliés. Le cas de M. Ghenadief offre un autre intérêt il montre à son paroxysme l'emploi des moyens par lesquels les agents austro-allemands dans les Balkans cherchent à détruire ou à déshonorer ceux qu'ils n'ont pas réussi à circonvenir ou à corrompre. C'est le même travail qui a réussi à Constantinople, qui fonctionnait à Bucarest en janvier, qui se déploie en ce moment à Athènes, avec une intensité et des moyens tout à fait extraordinaires et qui, à Sofia, se complique de toute la violence des passions politiques et des rancunes personnelles. Celles ci vont quelquefois jusqu'à l'assassinat. Il suffit de rappeler que les deux chefs du parti stambouloviste dont le leader est actuellement M. Ghenadief Stamboulof et Petarof ont en effet été assassinés. Le jour où M. Ghenadief, dont tout le monde admire la souplesse d'intelligence, a déclaré que l'intérêt de la Bulgarie était de marcher avec la Triple Entente (on était au mois de mars et il s'était convaincu à Rome que l'Italie allait, marcher avec nous), si on lui rendait la Macédoine et Cavalla, les agents austro allemands non seulement l'ont accausé de s'être vendu à la France mais ont mis tout en œuvre pour le peidre et dans son parti et dans l'opinion. Il y avait eu à Sofia, au mois de février, pendant que M. Ghenadief était à Rome, wn abominable attentat un soir de bal au casino municipal, où toute la haute société bulgare était réunie, une bombe avait été lancée la fille du ministre de la Guerre Fitchef, ainsi que le fils de l'ancien ministre Bogadjief étaient parmi les victimes. L'auteur du crime était un de ces nombreux réfugiés macédoniens qui arrivent à Sofia et vont tout droit chez leur compatriote, M. Ghenadief, qui leur donne la plus large hospitalité et. leur procure des secours et des emplois. Le fou criminel, qui avait rêvé de faire sauter toute la haute société de Sofia, avait reçu, comme agent électoral, des subsides de M. Ghenadief on l'amena à déclarer qu'il avait voulu tuer tous les gouvernants de la Bulgarie, le roi compris, pour porter son protecteur à la dictature et lui demander alors la place de. préfet de police...