Extrait du journal

Ce qui complique singulièrement la querelle entre Flandre et Wallonie, c'est que ces deux forces se partagent, en nombres à peu près égaux, les six millions d'habitants qui restent, si l'on exclut la population mêlée de Bruxelles. J'ai exposé comment, pendant des siècles, le Wallon domina le Flamand, puis, à la suite de quelles circonstances, nées la Grande Guerre, ces derniers se dressèrent dans un mouvement libérateur et obtinrent des lois qui leur donnent aujourd'hui l'espoir d'étendre peu à peu, pacifiquement, leur influence sur la Belgique agissante. Mais les Wallons sont décidés à leur tour à ne point se laisser faire; ils redoutent, avec quelque raison, la pênétrat'on lente de leur pays, riche et bien armé dans le domaine industriel, par leurs voisins. La puissante coopérative agricole du Boerenbontk catholique, dont j'ai déjà montré ta puissance politique à Anvers, pose en Wallonie ses premiers jalons, aidée en cela par le clergé belge, dont presque tout lirrecrutement est flamand. En outre, les Wallons s'effraient à la pensée que le gouvernement, cédant de plus en glus à la pression des représentants de la Flandre, pourrait se laisser îagner à la cause des gens du Nord. )r il ne faut pas supposer un insaat que les Wallons pourraient 'ordre leurs privilèges sans protesar. En un mot, depuis quelques nois, le mécontentement a changé de amp et cette situation nouvelle est fautant plus à considérer que cette rois, si la fermentation se développe, on ne voit pas quelle pourrait être ta solution. La leçon de l'histoire et des événements actuels démontre en effet que la cohabitation des deux peuples dans le sein de la Belgique, telle qu'elle est, n'est possible que si l'un des deux a le pied sur l'autre. Que font donc les Wallons ? Ils regardent la France qu'ils aimaient en se disant que chez nous est leur avenir, et, parmi eux, II est une élite extrêmement active, qui espère purement et simplement que la Wallonie deviendra un département français. Cette minorité grossit rapideRien n'est plus curieux que de passer en un jour d'Anvers Liége. Là-bas, dans son cadre de maisons gothiques, s'élève, sur des horizons brumeux et tendres, une puissante citadelle nordique, ici, dans les replis de sa vallée, la Meuse conserve l'image sentimentale des marches de l'Est, où survit une atmosphère qui rappelle un peu l'Alsace d'Alphonse Daudet....