Extrait du journal

Dans un livre aussi agréable à lire qu'il jest presque oublié, un des maîtres disparus du journalisme, Auguste Vacquerie, qui habita les Iles normandes auprès du grand exilé Victor Hugo, rappelle que le 9 janvier la mer se retua si loin de la côte normande et balaya tellement le sable que des riverains, se hasardant à deux lieues au large do leur rive, virent paraître en pleine eau les ruines d'un village avec ses rues, où étaient encore empreintes les ornières des charrettes d'autrefois. On :( retrouva des vases d'étain et divers ustensiles déménage. En 1812, après une tempête aussi, un gentilhomme breton, se promenant près de Morlaix, fut stupéfait de voir lagrève changée en une sorte de forêt-fantôme. Tous les jours, encore, les pêcheurs d'huîtres deJersey retirent avec leurs dragues, fort loin en mer, des racines de nôtres et de saules, il p'est pas rare que les ancres des navires rapportent des troncs d'arbre entier. C'est qu'en effet la mer qui sépare Jersey de la terre ferme a été une forêt. Une immense forêt peuplée do villages qui s'étendait d'Ouessant au cap La lIague. Au commencement du huitième siècle, on allait encore à pied de Jersey à Coutances. La route, en chemin, rencontrait la rivière de Coutanoes, mince filet d'eau, dont le pont était une planche. A part cette enjambée, tout le reste était terre ferme....