Extrait du journal

COMPTONS nos morts. Nos 5.0(10 pauvres morts de Pentecôte, qu'ils soient de Lyon, de Marseille, de Saint-Etienne, d'Amiens, cPAvigiton, de Nîmes, de Nice, de Rouen, de Grenoble, de la ban lieue parisienne, de dix autres lieux. Pâques 1944 par l'Anglais avaient été de rouges Pâques, tout écla boussées de sang Français. Pentecôte a été plus cruelle encore. Des villes pimpantes ont perdit leur gaieté sous un voile de cendres et de ruines. Des villages où s'épanouissait la grande paix de ta nature ont vu des lambeaux de chair déchiquetée s'accrocher aux buissons ou trouer les blés verte. La France, du nord au sud, de l'est à l'ouest, a saigné. Ses bourreaux de Londres et de Washington l'ont voulu. Comptons nos morts. Dénombrons les enfants tués dans leurs berceaux ou arrachés à leurs jeux et dont les yeux innocents ne comprendront jamais ; les femmes, les vieillards, Ips hommes écrasés, brisés, écartélés. Combien en était-il, parmi eux, qui avaient mis leur foi dans la venue des libérateurs ?... Ils ont surgi d'un ciel sans gloire pour tes jeter à la tombe. Comptons nos morts. Au rythme de ces derniers jours, ta France, qui n'est en guerre ni avec VAngleterre, ni avec l'Amérique, qui panse des blessures toujours rouvertes, aura plus de victimes civiles inno centes, désarmées, que de soldats tués sur les champs de bataille. Dans le temps même que leurs aviateurs massacraient cinq mille Français, en plongeant plus de cent mille autre» dam la misère et le désespoir après destruction de leurs maisons, de leurs meubles, de leurs vêlements, dans le temps même que sept mille blessés gémissaient sur des lits d'hôpitaux, l'épiscopat anglais répondait à l'appel lancé par les cardinaux français réclamant ta proscription des méthodes de guerre inhumaines et inutiles quant à l'issue des combats. Ils répondaient ceci, tes prélats d'Angleterre : « Le succès des armes anglo-américaines ne doit pas être mis en danger par une non-observation des ordres de destruction- » Français qui, demain peut-être, serez au nombre des « libérés », comprendrez-voua ? Comptons nos morts. E. F....