Extrait du journal

Avant que j'eusse répondu, il éclata d'un grand rire. Quel rire Il n'est qu'à lui. Absolument silencieux, il secoue son corps tout entier et se prolonge decrescendo par UL balancement de la tête et des bras presque enfantin, pour s'arrêter sec sur un haussement d'épaules, suivi aussitôt d'un regard brusque et scrutateur qu'il vous plante bien dans les yeux. Le premier effet de cette hilarité sur les interlocuteurs amuse assez M. Mussolini, pour que, souvent, il se remette à rire, sans plus de bruit ni de retenue. Il a ceci de commun avec les enfants que, s'il rit de bon cœur, il ne sourit presque jamais. C'est un trait de nature qui mérite l'attention. Il dénonce l'homme d'action, tantôt concentré, tantôt expansif, et qui, hostile à toute frivolité, goûte cependant dans le vrai comique une manifestation essentielle de la vie. Tout ce qui est artificiel lui échappe, particulièrement la mondanité et ses plaisirs. Drôle de chose, semble-t-il penser, que le genre humain et la sociabilité. La solitude...