Extrait du journal

La République portugaise a été proclamée, dans les circonstances que l’on ne saurait avoir oubliées, le 5 octobre 1910. Elle a à peine trois ans d’existence. Ce n’est pas qu'en ce court espace de temps elle n’ait point abattu beaucoup de besogne. Non seulement elle a proclamé une Constitution conforme au nouvel état de choses, mais elle a encore élaboré une législation large, équitable et moderne, imbue tout entière du sentiment de la justice et de l’esprit de solidarité. Elle a fait plus encore, lu République naissante, et je crois l'avoir signalé dans le Petit Provençal, les auteurs du projet de loi portugais m’ayant fait le grand honneur de citer mon nom et d'associer à leur effort ma modeste personnalité. Préoccupés du désir d'établir mie République de justice et de bonté, les Constituants, avec le concours du ministre de la Justice du gouvernement provisoire, Alfonse Costa, et sur la proposition du député Fernand Rot la Machado. estimèrent que la bonté doit s’appliquer à toutes les créatures et que la loi doit protéger d’abord sans doute la personnalité humaine, mais étendre également sa protection à la sensibilité animale. N'est-il pas louchant. je le demande, de voir un gouvernement à peine installé, aux prises avec les plus grandes difficultés d’organisation, qui lutte encore pour son existence et qui trouve néanmoins le moyen de manifester sa sollicitude à tous les êtres, même les plus faibles, les plus éloignés de notre humanité ? Ce seul trait décèle tout ce qu'il y a de grand et de bon dans le cœur des républicains portugais, tout ce que leur imagination renferme de poésie et d’idéal....