Extrait du journal

Au retour d’un long voyage, ce n est pas sans un sentiment d’angoisse que je me prends à considérer l’état de l'Europe. Je viens de passer quelques semaines au milieu de mes électeurs des Antilles. Trois siècles de culture française les ont préparés à l’intelligence de tous leurs droits, et aussi à l’accomplissement viril de tous leurs devoirs. Sans distinction de race, ni de couleur, Ils sont attachés avec passion à la métropole et s’ils se réjouissent de tout ce qui peut porter plus haut dans le monde son prestige, ils s’inquiètent de tout ce qui la menace. Ils veulent la paix. Ils la croient nécessaire et bienfaisante. Or, à dix huit cents lieues des côtes de France, ils ont la nette perception que cette paix, qu’on voulait croire durable, est en grand danger. Partout où je suis passé, la même question est venue spontanément sur les lèvres de mes interlocuteurs :...