Extrait du journal

11 faut le regretter et profondément. Sans s’en douter, en persévérant dans cette voie, le parti socialiste se suicide. Il se met à part de la vie nationale, en contradiction formelle avec les conditions de cette vie. 11 refuse désormais de se servir pour étendre son action au dehors de cet indispensable point d’appui qu’aurait pu être pour lui la nationalité française. C’est une vérité élémentaire qui éclatera de plus en plus au furet à mesure que nous irons. Une idée, quelque noble, quelque humaine qu’elle soit, ne possède qu’une force intrinsèque relativement insignifiante tant qu’un groupe d’hommes ne l’a pas faite sienne. Quand c’est dans une nation et une grande nation qu’elle triomphe, son autorité sur le reste des hommes croît en proportion directe de la force et de l’influence de cette nation. Imagine-t-on par exemple que sans la Révolution française et la puissance armée de la France révolutionnaire les principes de 89, fondement de la société moderne, auraient fait le tour du monde ? Aujourd'hui, de f)ar M. Hervé, voilà pour les idées sociables toutes les conditions du succès modifiées. Guesde, en son courageux discours lui a fait remarquer que sa théorie aboutirait en fait à assurer dans un conflit la défense du peuple qui compterait le plus de socialistes. C’est rigoureusement exact. Et la tactique est d’autant plus absurde que par les conditions mêmes de leur réalisation les idées socialistes ne sauraient être appliquées isolément par un peuple. Il faut qu’une organisation analogue s’ébauche en même temps chez tous les peuples civilisés....