Extrait du journal

On était alors en pleine paix. Sans doute dos nuages venaient parfois — trop souvent ! — assombrir l'horizon politique. Pour ceux qui suivaient avec attention 1 évolution de la mentalité allemande, il n’était pas douteux que la barbare germanique guettait l'heure propice pour déchaîner la guerre. Nul ne pouvait soupçonner — même ce l'autre côté du Rhin — que le cataclysme serait si effroyable, prendrait ce telles proportions, et durerait aussi longtemps. Beaucoup en France se refusaient à envisager une aussi redoutable éventualité. Il ne leur semblait pas possible qu’un monarque, si orgueilleux et si absolu fut-il. osât jamais précipiter l’Europe dans un tel abîme de maux. Je puis me rendre celle justice que je suis de ceux qui ont vu venir la tempête, "qui l'ont prévue et annoncée : ce^a m’a coûté cher. Mais qu’importe l'intérêt personnel qu'on aurait à se taire — combien d'amis ne me le conseillaient-ils pas i — quand un devoir impérieux vous cne de varier, parce qu'on sent la Patrie menacée a un danger de mort ?...