Extrait du journal

La majorité a une façon d’achever ses jours qui n’est évidemment pas de nature à électriser ses partisans. Elle a tantôt l’air de demander pardon aux siens et aux hommes de ses déceptions et bévues en rejetant la faute de celles-ci sur le malheur des temps. « La vie est dure, gémit-elle, et cela non pas en France seulement. > Tantôt elle essaie de faire endosser une part des responsabilités à l’opposition, ce qui est un spectacle bien plus divertissant encore. Car enfin l’opposition n’a pas occupé longtemps le pouvoir au cours de ces quatre ans et il sera malaisé sans doute de faire admettre au peuple qu’en trois semaines M. Steeg ait déposé dans tous les départements ministériels le germe des malheurs qui se sont abattus sur le budget, sur le Trésor et sur toute l’économie nationale. Tantôt enfin, pris d’un suprême élan d’orgueil au souvenir de leur arrogance passée, Ils se redressent et prétendent qu’après tout ça ne va pas si mal qu’on veut bien le dire, mieux qu’en Angleterre, mieux qu’en Allemagne, où s’exerce l’influence socialiste. Ils n’osent pas ajouter : mieux qu’en Italie, parce qu’il ne faut pas laisser supposer que Mussaline ne règne pas sur une succursale du Paradis....