Extrait du journal

Nous en voudra-t-on de faire aujourd’hui une toute petite place à la science, à la faveur du calme de la politique ? Cette pauvre science ! Qui dira jamais combien grande est notre ingratitude à son égard ! Alors qu’elle nous donne tout, qu’elle nous fait la vie plus facile et agrandit sans cesse, avec des prodiges, notre horizon social jamais assez étendu,c’est à peine si nous nous inquiétons de ses^ fièvres, de ses recherches, de ses tâtonnements, de sa lente évolution quotidienne, qui petit à petit devient révolution, et lorsque nous lui consacrons de temps à autre une attention courte, c'est comme à regret, avec la hâte qu’on apporte à se débarrasser d’une gêneuse. Que de journaux relèguent la chronique scientifique à leur troisième page, où elle coudoie faits-divers et réclames en tous genres ! Vraiment, il lui faut un joli fond de philosophie, à la science,^ pour, malgré cette cruelle indifférence, poursuivre sa radieuse marche à travers un inconnu dont nous ne nous soucions que lorsqu’il nous livre son irritante énigme....