Extrait du journal
I MAUVE SYSTÈME Le gouvernement a fait paraître le mouvement administratif annoncé deSuis si longtemps. Un certain nombre e préfets cessent de faire partie de l’administration préfectorale. Cela ne veut pas dire qu’ils soient révoqués. En échange de la préfecture perdue on leur donnera soit une trésorerie géné rale, soit une bonne perception à Paris. Ces situations ont me in: de panache et il est certain que pour ceux qui qui cherchent dans la fonction le côté représentatif, le fait de passer de l’administration préfectorale à l’ad ministration des finances, peut être considéré comme une sorte de dis grâce. Pour ceux, au contraire, qui apprécient surtout les avantages maté riels, il y a souvent profit à être ainsi disgracié. Je connais pour ma part beaucoup de braves gens qui aime raient à subir de pareilles disgrâces. Mais ils n’ont pas à leur actif d’avoir été préfets conservateurs ou réaction naires. Je sais bien qu’on pourra m’objecter que des ministères de nuance politique plus accentuée que le ministère actuel n’ont pas mieux fait que celui-ci en pareille matière. Je le reconnais. Je dirai même qu’ils ont fait quelquefois plus mal. Les préfets ou sous-préfets qui viennent d^être frappés — ils n’en mourront point — n’avaient pas, en effet, attendu celte dernière année pour manifester leur esprit rétrograde ou conservateur. Ils étaient connus de longtemps et faisaient du mal aux Ré publicains depuis bien des années, et, cependant, jusqu’à ce jour, ils étaient restés en place. Il faut donc savoir quelque gré au gouvernement de les avoir ôtés des places qu’ils occupaient et de n’avoir pas craint d’encourir les rancunes nouvelles des hommes poli tiques qui s’étaient faits leurs pro tecteurs et dont ils étaient les gérants d’affaires dévoués. Aussi, n’ai-je pas l’intention de me livrer à une comparaison défavorable au gouvernement et quand je remar que la disgrâce dont il a frappé cer tains fonctionnaires hostiles est pres que l’équivalent d’une faveur, ce n’est pas pour faire entendre que d’autres avant lui ont mieux fait, c’est pour cri tiquer un système que je trouve mau vais. Je sais très bien tout ce que l’on peut dire en sa faveur. 11 paraît dur de mettre brutalement à la porte et de priver du jour au lendemain de tout emploi des fonctionnaires qui ont der rière eux de longues années de servi ces, et qui parfois sont arrivés à un âge où il leur serait impossible de trouver en dehors de l’administration une situation qui leur permette de vivre eux et leurs familles. Nous désap prouvons les coupes sombres par les quelles les grands patrons purgent leur personnel, des ouvriers et em ployés qui ne pensent pas comme eux en politique et qui refusent de s’incli ner devant le credo qu’on veut leur imposer. Nous trouvons inique qu’un de ces patrons mette à la porte de ses usines ceux de ses ouvriers qui sont socialistes, et qui, comme tels, font de la propagande pour la socialisation des instruments de production, c’est-à-dire pour l’expropriation du patronat. 11 peut donc nous paraître inique égale ment qu’un fonctionnaire soit révoqué ou remercié uniquement parce qu’il pense en politique autrement que le ministère qui est au pouvoir. Mais la situation de l’ouvrier privé de son emploi à cause de ses opinions politiques et du préfet dépouillé du sien pour le même motif sont loin d’ètre identiques. Le rôle du préfet, tel que l’ont créé nos institutions et nos habitudes, est au moins autant po litique qu’administratif. Cela est in contestable. On peut le regretter, on peut exprimer le désir de voir cesser celle dualité d’attributions, cela n’en existe pas moins. Il faut donc en tenir compte et agir en conséquence. Et quand un ouvrier manque de connaissance ou de l’habileté techni ques qui sont nécessaires pour accom plir un travail déterminé, personne ne songera à s’étonner que son patron le remercie. Pourquoi s’étonnerait-on davantage que le gouvernement relève de leurs fonctions les préfets dont l’esÏirit politique est différent de celui qui ’anime lui-mèinc et qu’il cherche à faire pénétrer dans les masses. La jus tice ne commande pas de confier un travail à celui qui est incapable de l’accomplir et d’en priver par consé quent celui qui serait opte à le faire. Agir ainsi, c’est aller au contraire contre la justice. Les gouvernements ont donc le droit de se priver des ser vices de ceux de leurs préfets dont les opinions et la politique entrave la leur. Et cependant, bien qu’il# aient ce droit, iis en usent modérément, et la façon même dont ils en usent est hy pocrite. Ou bien ils les changent de...
À propos
Fondé en 1881, Le Petit Troyen s'est d'abord défini comme un petit quotidien républicain radical. Son propriétaire, l'homme politique Gaston Arbouin, assume la direction politique de la feuille jusqu'à sa mort en 1907. Favorable au régime de Vichy, le journal sera interdit en 1944.
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