Extrait du journal

tie de notre bonheur individuel. En travaillant à l’amélioration du sort de tous, nous travaillons donc pour nousmêmes. Voilà ce qu’il faut dire et en seigner, parce que c’est la vérité et que la fausse morale sur laquelle nous vivons n’a été que trop longtemps la consécration du mensonge et de l’hy pocrisie. La morale utilitaire, qu’on le veuille ou non, est la seule qui soit conforme à la loi de la nature humaine et c’est par là qu’elle s’impose. Les morales religieuses, entées sur des fictions, sur des rêves et des conceptions purement imaginaires, ont jusqu’ici bercé l’huma nité dans l’irréel; elles l’ont détournée des voies de sa véritable destinée, elles l’ont égarée : elles sont aussi contrai res à l’ordre qu’à la raison. L’époque où nous vivons est de plus en plus régie par la raison, par la science, forme collective de la raison, par le droit, forme de la conscience éclairée : il lui faut une morale en rapport avec ses idées et ses besoins. Aux systèmes moraux arbitrairement construits par les métaphysiciens, philosophes ou religieux, il convient de substituer une morale positive, scientifique, issue de l’observation des faits et de l’expé rience, féconde en résultats pratiques. Sans doute le bonheur absolu est un rêve, mais il dépend de nous de con jurer, dans une large mesure, les effets de la fatalité. La science ne trompe pas; elle ne promet que ce qu’elle peut tenir; consultons-la en toutes choses et que, désormais, le savant prenne dans la société, la place du prêtre. Nous ne demanderons pas à la vie plus qu’elle ne peut donner, mais elle nous donnera plus que nous ne lui deman dons, si nous savons nous pénétrer des principes altruistes qui découlent de la science morale. H. B....