Extrait du journal

Notre confrère parisien « Le Matin » a publié hier les détails que lui a fournis une de ses lectrices sur les précautions dont la sécurité du chan celier Hitler a été entourée pendant le voyage à Rome du chancelier du Reich. « Les gens du monde ne sortaient plus, lisons-nous. Dans les restaurants, dans les dancings chics on ne voyait plus que des étrangers... L’organisation de police était vraiment extraordinaire: interdiction de recevoir chez soi un ami sans le déclarer, interdiction d’a voir des pots de fleurs ou des caisses sur une fenêtre donnant sur une rue d’où l’on pouvait apercevoir, fût-ce une seconde, le Führer... Le matin du grand défilé, la police a réquisitionné les clés de toutes les terrasses, y compris celle du ministre de Danemark... Quand M. Hitler est apparu au balcon, la salle derrière lui était obscure pour éviter qu’il ne se profilât et pour que per sonne ne pût le viser commodément...» La place nous manque pour citer toutes les mesures énumérées. Elles établissent en tout cas le véritable cli mat de la visite de M. Hitler, dont les correspondants des Journaux ont d’ail leurs noté qu’elle s’était déroulée dans une atmosphère faite de politesse plus que d’enthousiasme. Nous comprenons que les Italiens aient entendu mettre leur hôte à l’abri de toute possibilité d’attentat, et nul ne songe à le leur reprocher, mais pour qu’un tel luxe de précautions ait été Jugé nécessaire, Il faut supposer que le gouvernement fasciste n’était pas très sûr que l’amour suscité par le chancelier du Reich au sein des popu lations suffisait à le protéger contre l’éventualité d’une agression. Dans quelques semaines, le roi et la reine d’Angleterre seront en France. Le devoir du gouvernement est, de toute évidence, de veiller à leur sûreté, mais nous ne croyons pas que, chez nous, on en sera réduit à suivre l’exemple des autorités Italiennes, et A mettre des mitrailleuses sur les toits du palais du Quai d’Orsay, où ils résideront. L’affection qui les entourera, les sen timents d’amitié qu’ils Inspirent seront pour les souverains britanniques une sauvegarde dont le chance lier Hitler ne saurait se pré valoir même dans un « pays ami » comme celui où il vient de séjoûrner !...