Extrait du journal

— Où souffrez-vous, mon ajni ? — A la tête, docteur. — En effet, vous êtes bien rouge ; le sang afflue au cerveau; mais savez-vous que c’est très dangereux cela. — Que dois je faire, docteur *? — Oh ! mon Dieu, presque rien ; un peu de glace sur la tête pour éloigner le sang du cerveau, et il n’y paraîtra plus. — Si cela est nécessaire, nous y joindrons un bain de pieds. Le remède fut appliqué, mais il arriva que le malade mourut au bout de quel ques jours, à la grande stupéfaction du médecin. , i . i — Ce n’était pas la tête qu'il,fallait soi gner, lui dit un confrère mieux avisé, c’était le ventre. L’absenee de digestion a amené la congestion cérébrale ; vous avez pris l’effet pour la cause. Nos législateurs actuels nous paraissent de la force du premier médecin. La re cherche des causes est bien trop pénible, et il leur semble autrement opportun de s’appliquer à détruire les effets, comme si ceux-ci pouvaient ne pas se renouveler tant que les mêmes causes subsistent. Beaucoup de commerçants et d’entre preneurs sont gênés dans leurs affaires et sont obligés de suspendre leurs paiements, laissant nombre d’ouvriers sans travail et par conséquent sans pain, car les ou vriers ont toujours eu le tort immense d’avoir faim, tout comme les rentiers. Enfin, un malaise général se produit et se manifeste par des symptômes de diffé rentes natures. Ceux qui souffrent se plai- gnent. A Bon ! disent nos médecins politiques, nous savons bien que des gens ont faim et qu’il y a des misères à soulager,mais cer tains mal intentionnés cherchent à exploi ter ces misères à leur profit....