Extrait du journal

L'Allemagne prétend qu'en agissant comme elle vient de le faire à Vienne, elle a servi la cause de la paix. Quelle paix ? La paix hitlérienne, et pas une autre. Il y a longtemps que Berlin a les yeux tournés vers l’Europe Centrale, et plus spécialement vers l’Autriche et vers la Tchécoslovaquie. Le premier acte de la tragédie vient (je se dérouler sous nos yeux, et au cun des spectateurs n'a esquissé un geste, n’a dit un mot, pour l’empêcher de se jouer. Symptôme peu rassurant pour les acteurs qui ne sont pas encore entrés en scène et qui savent par avance qu’ils font partie de la distribution du deuxiè me acte. On dira évidemment que tout se passe sans effusion de sang, et q.-e, par conséquent, il n'y a que demi-mal. Ce serait peut être dans une certaine mesure une consolation — et nous ne voulons pas évoquer l'impression de découragement qui doit être celle rie beaucoup de petites Puissances devant ce qui s’est passé à Berchtesgaden — si nous avions la certitude que le der nier acte du drame doive être aussi « pacifique » que ceux qui l'auront précédé. Le regroupement germanique, auauel procède actuellement l’Allemagne, apparaît difficilement comme une fin en soi. Il ne constitue qu'un prélude aux exigences plus vastes qui se mani festeront quand il aura été réalisé. Et alors, il faudra bien se décider à envisager les solutions qu'on aura voulu jusque là éviter de regarder en face. Nous savons bien que d'ici-là, des hommes passeront, des événements se dérouleront et qu’ils apporteront, du moins faut*il l'espérer, des modifica tions à la situation telle qu'elle existe aujourd'hui. Mais, il serait peut être imprudent de se fier au cours des faits pour tout arranger, comme de laisser au hasard le soin de sauvegarder la cause de la paix et de préparer l'ave-...