Extrait du journal
LE POUVOIR CIVIL Au cours de récentes discussions, il a été question dans la presse et môme à la tribune du « pouvoir militaire », Notre devoir à nous, qui sommes des hommes do principes et de doctrines, est de ne pas laisser passer sans protestation des mots comme celui-là. C’est avec des mots qu’on sème les idées ; l’on habitue le public à donner une réalité à des con ceptions fantaisistes, et l’on accrédite ainsi de grossières erreurs. Notre Constitution n’établit que trois pouvoirs : le pouvoir législatif, le pou voir exécutif, le pouvoir judiciaire. Il n’y a pas, il ne peut y avoir de pou voir militaire. Et il faut vraiment vivre dans un temps troublé pour qu’il soit nécessaire d’affirmer à la tribune, comme l’a fait M. Cavaignac, que l'armée doit être soumise au pouvoir civil. C’est, en effet, une grossière erreur que d’attribuer à l’armée une sorte d’autono mie et un pouvoir distinct. L’armée n’est et pe doit être autre chose que la nation elle-même en armes. Elle est chargée de défendre la nation au dehors, et d’assurer au dedans l’ordre et la sécurité publique. L’armée, c’est le bras de la patrie. Certes c’est assez, mais c’est tout. Elle n’a et no doit avoir aucune direc tion dans les affaires du pays. Elle ne doit avoir qu’un amour, l’amour du pays, et qu’une volonté, la volonté du pays. L’armce, dans une république, ne sau rait être un instrument d’autorité, com me elle i'est souvent dans une monar chie. Le pouvoir personnel, en effet, a souvent besoin de flatter l'armée, de se l’attacher par des faveurs, par un régime exceptionnel, afin de se donner une force. Un pouvoir personnel a souvent besoin, pour se soutenir et pour vivre, de s’ap puyer sur les baïonnettes. Dès lors, l’armée peut devenir une armée de prétoriens, et l'on tombe ainsi de chute en chute au régime des pronunciamientos. Dans ces conditions, l’armée au service d'un homme peut être en con tradiction absolue avec les aspirations du peuple ; elle peut servir, comme jon l’a vu chez nous en 1851, à violer les lois et à établir un régime d’usurpation et d’illégalité. Le pouvoir souverain appartient au peuple, et à ses délégués par conséquent. C'est le pouvoir civil,constitué parle pou voir législatif et le pouvoir exécutif, qui seuls ont la mission de dicter des ordres à l'armée et de décider de l’emploi de ses forces. Rien ne saurait prévaloir contre cette doctrine, et ilnousparait tout à fait extra ordinaire qu’il soit besoin de rappeler à tous les citoyens que c’est le pouvoir civil qui est à la tête, que l'armce n’est que le bras. Certes, l’armée, qui n’est autre chose que la nation elle-même, que la force vive du peuple, est ce que nous avons de plus cher et de plus sacré. Mais c’est attenter droit républicain, c’est faire œuvre de _ 1 A « «... /v /\44 m/v Un v»...
À propos
Fondé en 1881, Le Petit Troyen s'est d'abord défini comme un petit quotidien républicain radical. Son propriétaire, l'homme politique Gaston Arbouin, assume la direction politique de la feuille jusqu'à sa mort en 1907. Favorable au régime de Vichy, le journal sera interdit en 1944.
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