Extrait du journal

L'ajournement à lundi ou à mardi prochain du Conseil des Ministres que l’on pensait devoir se tenir hier ou au jourd’hui, est considéré par certains critiques comme une catastrophe... ou peu s'en faut. « L'entente n'est-elle donc pas faite sur l’attitudo arrêtée ? écrit l’un deux. Cette politique d’atermoiement continuel dont se plaint io public peut être une utile escrime d’hémicycle parlementaire. Mais la vie ne peut supporter indéfini ment les remises après les remises. Ainsi courent les interprétations fâ cheuses. » Ainsi notre confrère, tout en dénon çant le risque des « interprétations fâ cheuses », n'hésite pas lui-même à se livrer à ce Jeu. Est-il donc nécessaire d’interpréter, et surtout d’interpréter avec un- tel pessimisme ? Voyons objectivement les faits : le gouvernement va déposer un projet d’assainissement financier. C'est déjà une pilule difficile à faire avaler au pays et au Parlement, et l’on assure qu’elle sera cette fois particulièrement amère. Il faut donc prévoir les'débats longs et pénibles, les discussions passionnées. Le gouvernement, qui le sait bien, estime préférable de ne pas les laisser s’engager avant la rentrée véritable des Chambres, c’est-à-dire avant les fêtes rituelles de la Pentecôte, de façon à ne pas laisser interrompre le travail de mandé au Parlement. Faut-il donc s’en étonner outre me sure ? Faut-il davantage s’étonner que le Président du Conseil, qui aura à payer de sa personne, souhaite avoir recouvré toute sa vigueur physique, pour pouvoir intervenir et défendre les projets du gouvernement ? La réponse n’est pas douteuse. Enfin, on comprend que, dans ces conditions, le ministre des Finances entende mettre à profit le délai qui lui est imparti pour « polir » soigneusement l’œuvre qu’il prépare et qu'il ne se sou cie pas d’en faire sans plus tarder l'ob jet des controverses publiques. Ne dramatisons donc pas la situation et attendons avec patience et sang-foid l’heure où le gouvernement fera con naître au pays ses intentions et son but....