Extrait du journal

Des voyageurs Russes, explorant l’Afri que australe, viennent de découvrir un monarque assez réjouissant. C’est un an cien bourrelier de Libourne qui, de son vrai nom, s’appelle Cabissou. Voilà près de quinze ans qu’il règne en paix sur un peuple légèrement abruti par l’abus du vin do palmier. Ce Cabissou, paraît-il, doit sa couronne à un bilboquet. Jeté par un naufrage sur la côte africaine et devenu prisonnier d’une tribu sauvage, le malheureux bourrelier allait être accommodé aux bananes, lors que, pour charmer peut être ses derniers moments, il s’avisa do jouer an bilboquet. Ce jouet enfantin et un litre de cognac, c’est tout ce que Cabissou avait sauvé du naufrage. Son adresse émerveilla l’assistance qui le proclama roi sur le champ. Combien d’empereurs et rois sont parve nus au trône en louant à un autre jeu qu’au bilboquet. Le plus singulier de ces monarques exo tiques qui ont trouvé leur couronne au dédécrochez-moi ça des peuples sauvages est bien certainement un nommé Pédenonne Ier que Jacques Bursias découvrit dans je ne sais plus quel coin ignoré de l’Afrique bar bare. Surpris par une patrouille de nègres, le voyageur français fut conduit devant le roi de la tribu, un grand vieillard qui avait pour trône un tronc de palmier, pour scep tre une arête de poisson et pour diadème une màchoiie de gorille. Le monarque africain accueille Bursias avec bonté et ordonne à ses esclaves, de superbes négresses, de lui servir à manger. On lui apporte du gibier exquis, du poisson...