Extrait du journal

La façon dont évolue actuellement la situation internationale tend à nous faire toucher du doigt une erreur, mal heureusement assez commune et qui a été commise cette fois encore. On s'attendait samedi ou dimanche à un coup de force allemand contre la Tchécoslovaquie. Il n’a pas eu lieu, et tout le monde s'en est réjoui, ce qui se conçoit aisément. Mais alors — et c'est là la faute — on a parlé de reculade de l'Allemagne. Le résultat est qu’à nouveau, la presse du Reich jette feu et flamme, et que, dans l'avenir, il sera plus difficile de faire entendre la voix de la sagesse. Dans l'instant présent, la question est beaucoup moins d’obtenir un succès diplomatique, quelle qu'en soit la va leur, que de servir la cause de la paix. C’est elle qui, fort heureusement, l'a emporté, il y a quelques heures et c’est là l'important. Evitons donc de parler de succès franco-britannique. Les événements, les décisions prises, les motifs qui les ont déterminées, sont ce qu'ils sont et les interprétations dans un sens ou dans un autre ne les peuvent modifier. Evitons encore de fournir aliments à ceux qui ne cherchent que les moyens d’aggraver les choses et de rendre plus difficile la tâche des hommes qui s'efforcent de les concilier. La paix a triomphé Jusqu’ici... Il im porte plus de le constater que de dis puter sur la part que tel ou tel a prise à ce succès. L’apaisement ne viendra que dans une atmosphère générale de sérénité incompatible avec tout sentiment, où qu’il s'exprime, d’humiliation et de rancœur. Veillons à assurer le pré sent et à ne pas compro mettre l’avenir....