Extrait du journal

Un bel exemple de ce déséquilibre momentané est la proposition d’aller couler en mer la flotte de guerre allemande. Qu’on veuille détruire l’instrument et ne pas augmenter les puissances respectives des autres nations est un plan parfaitement soutenable. Mais comment admettre qu’il s'en suive la nécessité do détruire? Continuera-t-on, dans la paix, l’œuvre d’anéantissement de la guerre ? Comment a pu naître la pensée de détruire au lieu d'utiliser ? F.st-il impossible de transformer ces navires, ou au moins certains d’entre eux, en instruments de transports maritimes ? Est-il, en tous cas, concevable qu’on n'emploie pas les matériaux ? Quand des compagnies de sauvetage font fortune en déchiquetant des épaves chèrement renflouées, à qui fera-ton croire que les navires allemands intacts ne sont pas une grosse valeur, même pour la démolition. Enfin, un député à la Chambre des Communes, a fait une admirable démonstration par l’absurde ; il a dit : « Si vous tenez absolument à couler ces bateaux, coulezles au moins de façon à ce que cela serve. Faites-en la fondation de briselames, de môles, protégeant les ports qu’ils avaient la mission de détruire. L’œuvre symbolique que vous prétendez accomplir n’en sera que plus saisissante et vous aurez transformé une puissance du Mal on œuvre de Bien ! »...