Extrait du journal

M. Lavisse, dans sa belle Histoire de 1 France, a, le premier, fait ressortir Vas- i tendance espagnole de Louis XIV et 1 l’empreinte que l’hérédité maternelle gray- i va dans l’âme et dans l’esprit du grand i roi. Par sa mère, Anne d’Autriche, ] Louis XIV, en effet, descend de Philip- 1 pe II et de Charles-quint : de là, cette < âme complexe, où se combattent les pent- < chants les plus disparates, les sentiments 5 les plus contraires. Un orgueil démesuré i se traduisant par d’enfantines préoccupé- ! épations d’étiquette ; une luxure effrénée 1 que coupent ça et là des crises de re- * mords et de brusques retours à la relie- ! gon traditionnelle ; un besoin de dosi- 1 nation qui, avec les années, dégénère en 1 une tyrannie minutieuse et tatillonne, l voilà les traits par lesquels se perpétue 1 l’ascendance espagnole chez le plus au- « autoritaire et le plus vaniteux de nos rois. 1 Comme Louis XIV, Charles-quint et ses ■ successeurs ont connu cette griserie du ] pouvoir, dont parle Bossuet, « ce vertige d’une tête qui ne sent rien au-dessus d’elle » ; comme lui, ils ont allié les pires 1 faiblesses des sens aux rigoureuses pratiques d’une religion étroite ; comme lui, enfin, ils ont eu"une vieillesse chagrine 1 qu’alourdirent les remords des fautes accumulées et le souci un peu tardif des ( responsabilités morales. Philippe IV, 1 dont je veux parler aujourd’hui, n’o. ni j l’intelligence, ni la dignité de notre Louis XIV ; et, cependant, par bien des côtés, par sa nature ardente et sensuelle, par sa curiosité artistique et son goût généralement assez sûr, par l’inquiétude religieuse dont il est rongé, par sa bonne volonté et son évident désir de bien faire, il apparaît comme un Louis XIV 1 en raccourci, vu, si l’on peut dire, par : le gros bout de la lorgnette....